
PSC : Alan remporte l’appel d’offre du ministère des finances !
Un choix qui provoque une nouvelle levée de boucliers
L’assurtech Alan poursuit son offensive en gagnant un troisième appel d’offre. Après avoir remporté celui des services du Premier Ministre, puis celui du ministère de la Transition écologique, elle gagne celui du ministère de l’Économie et des Finances.
Les Pouvoirs publics, en instaurant la PSC1, ont généralisé le dispositif de l’ANI2 à l’ensemble des personnels de l’État. Ils ont ainsi ouvert le marché de la complémentaire santé des fonctionnaires à la concurrence. Ce faisant, ils ont dynamité un pré carré très ancien qui avait fait des collaborateurs de l’État une clientèle semi captive des mutuelles. La décision de Bercy est doublement iconoclaste dans la mesure où elle choisit un acteur qui n’appartient pas à la famille mutualiste et, facteur aggravant, l’élu est une start-up dont l’ambition est de « disrupter » le modèle traditionnel de la complémentaire santé.
Le choix d’Alan provoque une levée de boucliers. Les concurrents non retenus s’étonnent, certains syndicalistes s’insurgent et la menace de saisir le Tribunal administratif est à nouveau brandie. Il y a tout lieu de penser, que le ministère a pris toutes les précautions pour satisfaire aux obligations de l’appel d’offre et que sa régularité n’est pas critiquable. En aucun cas l’État ne peut, évidemment, altérer la loyauté de la compétition. Certes, la jeunesse d’Alan, créée il y a juste 8 ans, son modèle économique dont l’équilibre ne serait atteint qu’en 2026, interrogent. Mais l’ACPR est censée veiller au grain et ce néo assureur affiche un ratio de solvabilité de 460% et son plan de marche est conforme à ses objectifs. Ce qui crédibilise ses ambitions.
La désignation de ce nouvel acteur, 100 % numérique, est une réponse aux ambitions de rationalisation, de fluidité et de simplification des démarches. Elle correspond à des prestations hyper normalisées et dont les codifications sont fournies par un tiers, la Sécurité sociale. En réalité, elle pose une question quasi existentielle, en effet, la valeur ajoutée de la dimension relationnelle, mise en avant par les mutualistes est marginalisée par une gestion tendue, particulièrement structurante. Elle confronte deux logiques : celle de la solidarité organisée autour d’un ancrage humain et territorial, et celle d’un service standardisé, digitalisé, piloté par la donnée et l’expérience utilisateur. Alan répond clairement à une demande formatée par une offre digitalisée et un parti-pris d’innovation.
Cependant, ce marché de la complémentaire santé est confronté à des enjeux de taille. Il est structurellement déficitaire, cornaqué par la Puissance publique, à travers la Sécurité sociale, ce qui ne laisse guère de latitude aux opérateurs. Leur valeur ajoutée a bien du mal à s’exprimer dans une organisation qui ne lui laisse guère de place. C’est le choix voulu par un système qui veut tout encadrer pour tout contrôler. Mais il est lui-même confronté à sa propre incapacité à accompagner l’évolution des besoins de santé tout en maitrisant les dépenses. Or, l’évolution de ces besoins appelle des réponses que la seule rationalisation ne peut apporter.
1 Protection Sociale Complémentaire : Les employeurs publics sont désormais tenus de financer une partie de la protection sociale complémentaire en santé de leurs agents. Cette obligation est liée à la mise en place, au plus tard en 2026, des contrats de protection sociale « référencés »
2 Accord National d’entreprise généralisant le complémentaire santé d’entreprise.
Henri DEBRUYNE