2025

par | 2 Jan 2025 | Eclairage

L’exercice des vœux de ce début d’année est particulièrement délicat. Après un cru 2024 contrasté, entre moments de grâce (les JO, Cathédrale Notre Dame, …) et une instabilité politique gravement perturbatrice, le monde n’a toutefois pas radicalement changé. Il recèle autant de menaces que d’opportunités. Certes, la confusion politique est un peu l’éléphant dans la pièce et elle complique sérieusement certaines équations. Ainsi, la démultiplication et l’intensification des risques sont la marque du temps, avec au premier rang le dérèglement climatique. Les assureurs s’y sont d’ailleurs attelés en commençant par le régime des catastrophes naturelles. Celui-ci a fait l’objet d’une adaptation pour faire face à l’augmentation importante des sinistres. Cela ne sera pas suffisant, aussi se sont-ils engagés à en repenser le modèle assurantiel. Il faut le souligner car il est fondé sur un partenariat public-privé qui fait des envieux. Sous l’égide de l’Eiopa1 la question de la généralisation de ces garanties est désormais posée et avec elle, celle de la mutualisation de ces risques à l’échelle européenne.

Le recul de l’inflation est une bonne nouvelle qui devrait favoriser l’assurance vie et l’épargne. La frilosité des consommateurs en matière de dépenses devrait maintenir le taux d’épargne des Français à un peu plus de 18%, un record, la moyenne européenne se situant à 15,7 – 16%. C’est une bonne nouvelle pour l’assurance vie, d’autant que le reflux de l’inflation entrainera mécaniquement une baisse du taux du Livret A. Naturellement, cela ne sourira pas forcément à la consommation qui patira du comportement frileux des citoyens. La progression du PIB en 2024 annoncée à 1.1% devrait glisser un peu en dessous d’1% (entre 0,8 – 0.9%) cette année. Ce n’est pas en soi dramatique, mais préoccupant, car si les particuliers se montrent timides, les entreprises le seront aussi. Le contexte politique pénalise l’investissement des entreprises et cela a des incidences à moyen terme. Dans tous les cas, cela entretient un climat économique atone pour l’année qui débute.

Un gros point noir reste la complémentaire santé qui s’enfonce inexorablement dans le rouge et n’a guère de levier à sa disposition pour amorcer son redressement. Elle est sous la férule de la Cnam et son sort est lié aux perspectives budgétaires dégradées. Autant, dans le cas des « cat-nat » nous pouvons souligner un partenariat public-privé intelligent, autant dans celui de la santé le dispositif est perdant-perdant, surtout pour les clients.

Sur le plan réglementaire les travaux ne ralentissent guère. La RIS2 entre dans sa dernière ligne droite, avec les arbitrages entre les instances européennes (le trilogue). L’offensive sur les commissions a fait long feu, pour cette fois-ci, mais ce texte clé pour la préparation de l’Union des capitaux va renforcer la protection des épargnants. Ce n’est pas une mauvaise chose à condition, toutefois, de ne pas aggraver la charge administrative déjà conséquente. Les distributeurs ne devraient pas s’en offusquer pour autant que cela débouche sur une amélioration de la situation des clients. En effet, tout ceci a un coût et au moment où l’accent est mis sur l’impact des frais sur la performance des produits, il serait temps de faire la balance coût /bénéfice de ces mesures. Or, l’exemple de Sfam-Indexia montre que des situations gravissimes perdurent. Nous parlons de plusieurs milliers de clients lésés sur une dizaine d’années ! Alors même que l’arsenal réglementaire n’a jamais été aussi important. Une vraie question pour 2025.
1 Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles
2 Retail investment strategy.

Henri DEBRUYNE

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