Pandémie : l’heure des (premiers) comptes

par | 1 Avr 2021 | Eclairage

Les comptes des organismes d’assurances portent clairement les stigmates de la Covid 19. Sur fond de fortes tensions sur les taux d’intérêts, encore plus bas, les assureurs ont affronté une nette augmentation de la sinistralité.

Les premières données, en France comme en Europe, montrent que l’année 2020 a été difficile pour l’assurance. Sur fond de polémique persistante sur la mauvaise volonté supposée des assureurs à assumer leurs engagements, il apparait nettement qu’ils ont encaissé un choc sans précédent. Celui-ci est aggravé par les tensions sur les taux d’intérêts qui ont amoindri les ressources et souvent contraint à rehausser les provisions. En assurance de biens et de responsabilités, les prestations progressent de 1.2% et les sinistres de 2.1%. En assurance prévoyance et maladie, les recettes augmentent de 1.8% et les prestations de 4,4%.

Les premières données en Europe laissent penser que la situation se présente, dans tous les pays, de manière similaire. Les Lloyd’s qui prévoyaient une perte globale liée à la pandémie à 4,7 Mds£ viennent de relever leur perspective à 6.2 Md£. L’impact le plus significatif s’est porté sur les risques des professionnels et des entreprises et, bien sûr, à travers les garanties des pertes d’exploitation dont le montant des sinistres a augmenté en France de 54% (3,3 Md€). Ce qui inclut leur prise en charge et les mesures de soutien décidées par les organismes d’assurance sous la forme de dispositifs de solidarité. La prévoyance, à travers les arrêts de travail a fait face, également, à un accroissement significatif de près d’un milliard d’euros. Sans oublier les catastrophes naturelles, à nouveau concernées en France par une facture de 3 Mds€ en 2020.

L’assurance vie n’est pas épargnée. Le choc de la pandémie est certes indirect, mais pour l’instant elle n’a pas profité du surplus d’épargne resté pour l’essentiel sur les comptes à vue des épargnants. Elle a subi une baisse très sensible des cotisations encaissées de -28.2 Md€ sur les fonds en euros. Les UC se maintiennent au niveau de l’année précédence (40.1 Md€). Ce qui est bon signe, l’intérêt porté à ces derniers ne se dément pas. Les premiers mois de 2021 montrent d’ailleurs un net regain de cette activité.

Cette année 2020 laisse des traces dans les comptes des compagnies et entame leurs marges de solvabilité. Ces dernières, sans les mesures particulières et d’ordre cosmétique, ont réellement fléchi, certaines plus que d’autres. Ce qui invite à une vigilance accrue d’autant que la pandémie est loin d’être éteinte. L’impact de celle-ci va donc perdurer. Ce qui nous aura fait toucher du doigt que ces phénomènes massifs ne sont pas qu’une hypothèse. Ils peuvent se réaliser.

Enfin, le déficit de connaissances de nos concitoyens reste patent. Ce n’est pas une nouveauté, mais reste préoccupant car cela autorise toutes les élucubrations. Ces derniers jours, un sénateur (LR) n’a-t-il pas demandé au ministre des Finances s’il n’envisageait pas de bloquer les hausses de cotisations automobiles au motif que durant l’année 2020, les véhicules avaient moins roulé !

Henri DEBRUYNE

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