MGA : effet de mode ou vraie création de valeur ?

par | 12 Juin 2025 | Eclairage

Les Managing General Agents, une pratique d’intermédiation venue d’outre-manche, suscitent un intérêt croissant sur les marchés de l’assurance non-vie.

MGA, trois lettres, un sigle, managing general agent, dont la transcription la plus évidente serait agent général d’assurance. En effet, intermédiaires d’assurance, mandataires d’une ou de plusieurs compagnies d’assurances, ces opérateurs interviennent dans le cadre strict d’un mandat délivré par ces mandantes qui leur donne la capacité d’agir pour leur compte : souscription des contrats, gestion y compris règlement des sinistres, etc. Néanmoins, un MGA en Europe n’a pas de statut juridique spécifique. En réalité, il est une agence de souscription, donc un agent général ou un courtier en assurance qui a conclu un ou des accords avec des compagnies d’assurances. Il n’est d’ailleurs pas rare de rencontrer des cabinets de courtage, titulaires de ce type de mandats et qui soient assortis de clauses d’exclusivité pour un produit ou sur une zone géographique.

Historiquement, les MGAs sont nés, il y a une trentaine d’années d’abord au Royaume Uni avant de faire école aux Etats Unis, sur un positionnement strictement économique en apportant aux assureurs l’accès à un marché ou à un segment de celui-ci et en s’appuyant sur une plateforme capable de gérer une grande partie des briques de la chaîne de distribution. Outre la pertinence de savoir-faire spécifique ou d’apports de chiffre d’affaires, les MGAs ont surtout cherché à maximiser les marges et les revenus qui en découlent. Sur ce créneau, strictement économique, en France ce sont les courtiers « grossistes » qui se sont installés depuis les années 80. De fait, Ils reprennent les mêmes caractéristiques tout en étant courtier. Ce qui pose une question déontologique liée à leur double mandat, de représentant de la compagnie et de mandataire du client, par nature, inconfortable. Être mandataire de parties aux intérêts potentiellement opposés est un nid à conflits d’intérêt. Les magistrats s’attachent, le plus souvent sans trop de nuances, à rechercher la responsabilité du mandataire du client. Ce qui pousse certains à réclamer un statut propre. En réalité, il existe déjà, c’est celui d’agent mandataire.

Poser la question d’un statut spécifique au moment où la réglementation se renforce au profit des intérêts des clients ne se fera pas sans interroger les situations connexes, les agents généraux et les courtiers. En clair, sans provoquer la remise en question des situations actuelles et, par exemple, forcer les courtiers à choisir leur camp. Cette question est-elle opportune ? Dans tous les cas, elle nécessite d’élargir le champ de la réflexion et d’y associer les acteurs concernés au premier rang desquels les courtiers, mais aussi les autres mandataires.

En réalité, la reconnaissance à laquelle aspirent les MGAs est d’abord économique1. Ces acteurs sont convaincus, avec de vrais arguments, qu’ils offrent une contribution originale, sinon pertinente au développement de l’assurance en offrant des réponses innovantes et très opérationnelles à des problématiques nouvelles. Par construction, ils se placent du côté des assureurs. C’est d’ailleurs évident lorsque l’on analyse ce qu’ils font en prenant en charge, par délégation, une large partie des fonctions assumées par les entreprises d’assurances.

Alors, effet de mode ? Nouveau mode de distribution avec une vraie valeur ajoutée ? Comme toujours la réponse est plus nuancée. L’émergence des MGAs dans l’écosystème de l’assurance, l’originalité de leur apport est une évidence et leur contribution (caractérisée avant tout par leur pouvoir de souscription) ne peut être contestée. Elle conduit à une recherche de clarification des statuts juridiques actuels plus qu’à la création d’un nouveau.

1 Sommet des MGAs 2025 les 10 & 11 juin à Amsterdam.

Henri DEBRUYNE

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