Les journées du courtage : les assureurs vus par les courtiers
Entre confiance, perplexité et inquiétude les visiteurs des journées du courtage 2024 vivent des expériences contrastées.
Des courants contradictoires heurtent manifestement le traditionnel dynamisme des courtiers. Les participants aux Journées du courtage 2024 affichaient toujours un volontarisme à tout crin. Néanmoins, cette année, de manière perceptible, une relative inquiétude était palpable. A l’évidence, la situation politique générale crée de l’incertitude chez les clients des courtiers, particulièrement les entreprises et les professionnels, ce qui pèse sur leurs projets et plus généralement sur le climat des affaires. Ensuite, les politiques de souscription des entreprises se tendent nettement, certaines opérant des redressements douloureux qui chahutent certains marchés et semblent accélérer la réduction du nombre de codes.
Face à cela, la physionomie même de la manifestation change. De moins en moins d’assureurs y participent, les majors ont déserté ce salon depuis plusieurs années et ce mouvement s’étend. Certes les courtiers grossistes tiennent le haut du pavé, mais ce sont d’abord des courtiers. Ce qui donne à l’ensemble du salon un côté entre-soi. C’est le signe, observé ailleurs, que les liens directs entre les compagnies et les courtiers de proximité se distendent. Une mutation diversement vue, l’absence des compagnies aux Journées du courtage est, en fait, perçue comme du désintérêt. Plus certainement nous assistons, et ce n’est pas d’aujourd’hui, à un changement de modèle. La gestion d’un réseau est onéreuse, fût-il de courtage, et la recherche de son optimisation conduit à rationnaliser les relations. Un mouvement de fond qui concerne le plus grand nombre d’assureurs et sur lequel il n’y aura pas de retour en arrière.
Dans l’espace libéré, s’engouffrent les courtiers grossistes. C’est une bonne chose car nombre de courtiers, surtout ceux qui démarrent, ne pourraient exister sans leur aide. Néanmoins, la professionnalisation de leurs relations comme de leurs pratiques est un enjeu. Les écarts entre ceux qui ont déjà réussi cette mutation et ceux qui sont en deçà sont largement perceptibles. Il faudra à ces derniers rattraper leur retard et vite, car les positions de marché sont bel et bien en train de se stabiliser.
En réalité, les courtiers de proximité n’ont pas seulement besoin d’accéder à des produits et/ou des capacités de souscription. Il leur est aussi indispensable d’accéder à des moyens qui leur échappent en termes de digitalisation de leurs activités. L’écart entre la réalité de leurs moyens et les nécessités d’aujourd’hui reste important, trop important. Certes, l’offre de solution, notamment sur le salon, est conséquente. Mais elle ne peut être abordée indépendamment des prestations d’assurances traitées. Sous cet angle, les assureurs sont peu présents, les courtiers grossistes ont une carte à jouer.
Henri DEBRUYNE