Les Français de plus en plus inquiets pour leur retraite

par | 6 Fév 2025 | Eclairage

Plus d’un Français sur deux (55%) estime qu’il faudrait développer les fonds de pension1. Reflet d’une préoccupation croissante, ils étaient 46% en 2017 à formuler cet avis.

Le débat sur les retraites n’est surement pas étranger à cette préoccupation. Mais il faut bien reconnaitre qu’il alimente le débat politique, notamment en France, depuis plus de 30 ans et de la pire des manières. Vrais arguments et fausses analyses se succèdent sur fond d’idéologie. Ce qui a fait perdre beaucoup de temps pour imaginer en quoi et comment la capitalisation financière pourrait contribuer au financement des besoins des citoyens, une fois leur vie professionnelle terminée. Certes, ce débat est complexe. Il mobilise des approches politiques, sociales et économiques. Les considérations partisanes l’ont souvent enfermé dans des opinions stériles dont la société française peine aujourd’hui encore à sortir.

La nécessité prend aujourd’hui de nouvelles formes. D’une part, toutes les projections financières montrent que le système par répartition s’essouffle et qu’il faut imaginer des relais de financement. D’autre part, les Français en sont conscients et s’en inquiètent, les deux-tiers des non-retraités notamment, dont 6 sur 10 estiment qu’ils ne disposeront pas de ressources suffisantes à leur retraite (59%), toujours selon le Cercle des Epargnants. Nul ne sait réellement quelle forme pourrait prendre une montée en puissance de ces systèmes complémentaires. Néanmoins, nous voyons bien les axes sur lesquels ceux qui pensent pouvoir y concourir devront être à la fois innovants et vigilants. Il ne suffit pas d’égrener les avantages de la capitalisation en termes de flexibilité, de performance financière et d’ajustement aux besoins des contributeurs. Il faut aussi garantir la sécurisation des investissements, la portabilité des droits, et des coûts de gestion maitrisés sinon compétitifs. En d’autres termes, il ne peut pas s’agir de quitter une insécurité pour une autre.

Il faut aussi se préparer à un autre débat, pour l’instant encore mezza voce, celui de l’autonomie individuelle. C’est le plaidoyer de la faculté, pour chaque épargnant, de gérer son propre dispositif et de l’ajuster en fonction de sa situation, de ses propres besoins comme de ses projets. Une dose d’autonomie qui s’oppose, en théorie, aux valeurs du modèle social français. Il faut donc trouver des réponses efficaces pour éviter les blocages idéologiques qui ont empêché les solutions fondées sur la capitalisation de se développer. Et ce n’est pas faute d’en connaitre le contexte. Il y a plus de quarante ans, Denis Kessler2 était déjà un défenseur influent de la réforme du système de retraite par capitalisation en France. Les données qu’il analysait n’ont guère varié, elles se sont cristallisées et amplifiées. Manifestement, la France est au pied du mur.

La retraite par capitalisation offre des solutions pour diversifier les sources de revenus des dernières périodes de la vie. Elle reste, peu ou prou à inventer au moins dans ses modalités.

1 « Baromètre de l’épargne » Ipsos-CESI Ecole d’ingénieurs pour le Cercle des Epargnants janvier 2025
2 Denis Kessler, professeur d’économie a publié en 1982 avec Dominique Strauss-Kahn, L’Épargne et la retraite

Henri DEBRUYNE

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