Le marché de l’épargne en ébullition
Le marché de l’épargne atteint des niveaux historiques et ses perspectives sont encourageantes. L’intérêt des professionnels de l’assurance et de la finance s’aiguise comme celle de nouveaux entrants de la tech. C’est une excellente chose, mais qui exige plus de transparence, de compétence et de rigueur.
Le niveau de l’épargne des Français n’a jamais été aussi haut. Il dépasse ce trimestre celui des ménages allemands pour la première fois depuis l’an 2000. Il atteint 18.9% du revenu disponible. Un marché sur lequel les banques, les compagnies d’assurances et les intermédiaires sont déjà très actifs. D’autant qu’une conjonction de facteurs permet de penser que cette tendance s’inscrit dans la durée. Ce qui aiguise les appétits, stimule l’innovation et renforce la régulation.
Le premier élément structurant est la prudence et son corollaire, la préférence des Français pour la sécurité. Le vieillissement, les incertitudes économiques et géopolitiques pèsent sur les comportements et les choix qui en découlent. Ce qui conduit les épargnants à privilégier l’assurance-vie et les livrets d’épargne réglementés1. Néanmoins, 35 % des ménages2 diversifient leurs avoirs vers des produits plus rémunérateurs ou responsables (épargne verte, ISR). Un mouvement que la baisse des taux annoncée par la BCE devrait accentuer en réorientant des flux d’épargne vers des placements mieux rémunérés.
Pour autant, l’innovation n’est pas absente, loin de là et les générations les plus jeunes montrent de l’intérêt pour les investissements plus risqués. Un mouvement qui se combine avec leur intérêt pour le digital. Un nombre croissant de fintechs sont d’ailleurs actives sur ce marché. Une présence déjà ancienne, mais qui s’est longtemps focalisée sur les clients avertis à l’aise avec ces sujets. Désormais, le digital, bien maîtrisé par les jeunes générations en fait une cible prioritaire. De grands acteurs investissent cette voie qui présente peur eux une réelle attractivité. D’autant que ces nouveaux acteurs réinventent les approches et proposent des parcours clients innovants.
Néanmoins, le manque d’information reste un frein bien identifié. Ce qui renforce le rôle des conseillers que les clients et les prospects jugent essentiel3, à la fois pour obtenir l’information qu’ils estiment utile, mais aussi pour les rassurer sur les choix qu’ils envisagent de faire. Une part croissante des clients reconnait que le processus d’information dont ils ont bénéficié de leur conseiller leur a permis de prendre conscience par exemple de l’intérêt des investissements durables au sens de la Taxonomie européenne ou au sens du règlement européen « SFDR ».
Ainsi l’interrelation humaine, dont l’encadrement réglementaire continuera de se renforcer n’en doutons pas, reste un passage essentiel. La digitalisation, même renforcée par l’Intelligence Artificielle, ne parvient pas à s’y substituer. Probablement pour longtemps encore elle restera un puissant support, mais pas un acteur de plein exercice au sens du Code financier et du Code des assurances. C’est donc sur elle que repose le défi de répondre à l’expansion du marché de l’épargne.
1 PEA, PER, investissements immobiliers.
2 Selon OpinionWay 2025
3 Amf-France.org
Henri DEBRUYNE