Et si nous parlions d’avenir ?
Les activités d’assurance et d’épargne vont bien. Les résultats des assureurs en témoignent. Les réseaux de distribution aussi, bien qu’ils soient bousculés par le contexte ambiant. La société en revanche se heurte à des difficultés qu’elle peine à surmonter.
Les maux qu’elle a du mal à affronter n’ont pas été anticipés. La plupart aurait pu l’être. Le déséquilibre démographique était prévisible, les besoins de santé sont identifiés depuis longtemps et la crise de l’endettement n’est pas d’hier. Les responsables politiques ont failli et failliront encore tant qu’ils apporteront les solutions d’hier aux problèmes du temps et encore plus de demain. Et pourtant, les forces économiques se montrent à la hauteur, leurs résultats sont probants, leur adaptation aux évolutions des marchés et à l’environnement géopolitique est évidente. Le décalage entre ce dynamisme et l’impéritie de la puissance publique est frappant. Certes, les citoyens ne montrent pas un entrain réel pour la réforme. Mais qui leur en explique vraiment la nécessité et les alternatives praticables ?
Le décalage est donc frappant entre un secteur privé qui fait le job et une représentation nationale qui étouffe progressivement tout dynamisme sous la pression combinée d’une réglementation hypertrophiée et d’un foisonnement fiscal sans précédent. Alors que faire ? Se révolter ? Se recroqueviller ? Ce serait méconnaitre et donc gâcher la pugnacité des entrepreneurs et des entreprises. La société civile doit prendre le pouvoir des idées et des initiatives. Les compagnies d’assurances, particulièrement, ont des solutions à faire reconnaitre pour le bien collectif. Les situations de crise, elles savent les gérer surtout sur le temps long. Si elles n’avaient pas ces capacités, elles auraient disparu. Les acteurs financiers sont conscients qu’il n’y a pas de pensée magique, mais des expériences et des savoirs faire en matière de couverture de santé, de réseaux de soins, de gestion des risques, de financement des régimes de retraite. Ils agissent, ce qui les légitime, mais ils doivent maintenant se hisser à la dimension des problèmes de la société.
C’est, en partie le propos puissant tenu par Thomas Buberl, le directeur général d’AXA, devant l’association européenne des agents généraux d’AXA. Il souligne que l’assurance doit apporter des réponses à ces questions qui maltraitent les citoyens. La fracture sociale, les risques du quotidien, le financement des attentes sociétales. Ce qui passe, certes, par la satisfaction des besoins sociaux, mais elle doit s’inscrire dans une perspective de long terme. Cela fait pleinement partie de la mission des grandes entreprises.
Les banques et les assurances peuvent également s’appuyer sur une force commerciale importante, dense et opérationnelle pour diffuser les propositions adaptées. Elles le font déjà avec un niveau d’efficacité avéré. Il leur est donc possible de se mobiliser et d’augmenter leurs capacités d’action. Elles sont déjà sur la santé, la retraite, les risques climatiques, etc. L’avenir, de toutes les façons, ne se fera pas sans ces acteurs au plus près des clients. La question est de savoir s’ils seront mobilisés pour un projet collectif inclusif (le mot est à la mode). C’est le moment de le découvrir. Ah ! il faudra tordre le cou à quelques principes idéologiques surannés.
Henri DEBRUYNE