Épargne et assurance vie : Augmenter le conseil et baisser les frais !

par | 22 Mai 2025 | Eclairage

La commission des finances de l’Assemblée nationale vient de se pencher sur le sort réservé à l’épargne des Français.

Les Français épargnent de plus en plus. L’encours des placement financiers des ménages résidents français atteint 6 000 milliards d’euros en 2023 et ne cesse de progresser. Pour beaucoup, cette épargne est investie dans des placements réglementés. Premier problème, l’érosion monétaire érode les placements, sans que les rendements servis ne parviennent à les protéger suffisamment. De fait, l’épargne réglementée bien que protégée en nominal ne l’est en fait pas, contrairement à ce que pensent ceux qui y ont recours. Le taux d’intérêt moyen sur les dépôts d’épargne en France s’établit à 2,1 % selon la Banque centrale européenne. La Faider1 évalue la perte des épargnants français a au moins 300 milliards d’euros de pouvoir d’achat entre 2021 et 2023, sur les actifs qualifiés « d’épargne populaire ». L’alternative prônée est d’investir dans des UC voire dans le Private Equity2. Mais deuxième problème cela fait entrer dans une dimension de risques qui n’est pas culturellement la plus partagée par les épargnants, ainsi que l’a mis en exergue le colloque organisé sur l’épargne par l’Agéa3.

L’assurance vie pourrait être une alternative. La très bonne tenue de sa collecte souligne l’intérêt que lui portent les épargnants. Néanmoins, les rapporteurs déplorent que ces contrats « semblent souvent davantage reposer sur la politique de la Banque centrale européenne et sur les niches fiscales que sur une recherche effective de rentabilité sur les marchés ». Ce qui n’est pas complétement faux. Là encore « privilégier la liquidité à la rentabilité se fait « au détriment des épargnants ». Certes, mais cela répond à des attentes fortes de clients recherchant avant tout « la sécurité et la disponibilité », comme le souligne une étude de France Assureurs. Le mouvement viendra d’une implication accrue des distributeurs.

C’est donc bien la démarche de conseil qui aidera les clients à acquérir une maturité propre à réduire leurs craintes et leurs inhibitions face au risque. La transparence est indispensable. Les rapporteurs fustigent « le maquis et l’illisibilité des frais et commissions imposés aux contrats d’assurance vie ». Et dans le même élan, ils réclament, fort curieusement, de renforcer le devoir de conseil tout en maîtrisant le niveau des frais et commissions. Observons que le devoir de conseil est déjà bien encadré, tant par le Code des assurances que par une jurisprudence bien installée et depuis longtemps y compris tout au long de la durée du contrat. La question est plus de faire respecter les obligations actuelles que d’en instaurer de nouvelles. Quant à la maîtrise des frais et commissions, imposons une réelle transparence et laissons agir la concurrence. Il est quand même paradoxal d’inviter à développer et approfondir le conseil pour aider les épargnants à faire des choix et, dans le même temps d’appeler à contraindre les rémunérations de ceux qui doivent le délivrer.

Parfois, nous pouvons penser qu’Ubu n’est pas mort !
1 Fédération des associations indépendantes de défense des épargnants pour la retraite 
2 Le Private Equity est une classe d’actifs investis dans des sociétés non cotées à différents stades de leur développement (création, développement, transmission), en vue d’une cession ultérieure avec un objectif de plus-value significative.
3 Colloque sur l’épargne organisé le 20 mai 2025 à l’Assemblée nationale par Agéa.

Henri DEBRUYNE

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