APRES AVOIR CREE UNE SITUATION INSUPPORTABLE, INDEXIA ARRETE L’ASSURANCE !
La SFAM, premier courtier spécialisé dans l’affinitaire, arrête de commercialiser l’assurance après avoir bien saccagé le marché.
La « success story » est connue. Parti, voici une vingtaine d’années, d’une boutique de vente de téléphonie mobile, Sadri Fegaier est devenu le premier courtier français (1,2 milliard d’euros de CA1) et le plus jeune milliardaire de France. Il est à la tête du leader européen de l’assurance affinitaire. Une réussite fulgurante très fortement entachée par des pratiques commerciales sur lesquelles le tribunal judicaire de Paris est en train de statuer. Des poursuites qui font suite à plusieurs sanctions infligées par la DGCCRF2. Quelques centaines de clients ont saisi la justice après avoir constaté des prélèvements anormaux et répétés sur leurs comptes bancaires. Certains pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros.
Le groupe INDEXIA (ex groupe Sfam) a déjà été sanctionné par la Répression des fraudes en 2019. Il a été condamné à payer une amende de 10 millions d’euros pour pratiques commerciales trompeuses. Manifestement, les pratiques ont perduré au point que les procédures se multiplient. L’accumulation de ces ennuis judiciaires et, semble-t-il, des difficultés de trésorerie compliqueraient ses relations avec ses fournisseurs. Au point d’ailleurs que ses assureurs ont décidé de mettre fin à leurs relations. Acculé, le groupe a annoncé qu’il cessait la distribution de produits d’assurances3, pour se concentrer sur ses autres activités.
Ce qui s’est passé sous nos yeux, et fait les belles pages de la presse nationale et régionale depuis plusieurs années, est proprement scandaleux et révèle un laxisme inacceptable. A quoi sert une réglementation de plus en plus draconienne et qui professe un haut niveau de responsabilité si elle n’est pas respectée ? Evidemment, il ne s’agit pas seulement d’INDEXIA qui en a profité pour se développer au mépris des intérêts des clients, mais bien aussi des porteurs de risque, qui pouvaient difficilement ignorer les errements du distributeur. Evidemment, le régulateur qui aurait dû prendre la mesure de cette situation par les nombreuses réclamations des victimes n’est pas exempt de reproche. Il vient seulement de décider, ce 25 avril 2023, une interdiction temporaire d’exercice de l’activité de distribution de contrats d’assurance à l’égard du courtier SFAM, avec quelques jours de décalage ; un timing qu’on espère fortuit et qui a permis au groupe INDEXIA de présenter (ou laisser présenter) ceci comme une décision stratégique de sa part ! Quoi qu’il en soit, Il ne suffit pas au gendarme de l’assurance de manier le verbe en rappelant et explicitant la règle, il doit agir. Sans oublier les actionnaires du groupe, y compris les fonds d’investissement, qui ne peuvent pas se contenter de suivre les courbes – bien que flatteuses – du développement.
Le discrédit porté par une telle affaire ternit l’image de l’assurance, dans son ensemble et sans nuance, c’est ce que penseront les assurés. Ils retiendront que l’on peut faire fortune très vite dans ce métier et le quitter pour aller prospérer ailleurs. C’est proprement insupportable. Il reste à espérer que la justice soit ferme. L’ACPR serait bien inspirée de multiplier les procédures de contrôle conformes à ce qu’elle préconise – dans une recommandation sur laquelle elle consulte – pour responsabiliser l’ensemble de la chaîne de distribution et pas seulement le distributeur final. Et, si elle a agi dans le cas d’INDEXIA avant la récente interdiction provisoire faite au courtier SFAM, il serait utile qu’elle le fasse savoir. Il y va de sa crédibilité
1 Baromètre de la Tribune de l’assurance pour 2022
2 Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la répression des Fraudes
3 Argus de l’assurance du 20 avril 2023
Henri DEBRUYNE