2022 – la crise a changé les priorités

par | 6 Jan 2022 | Eclairage

Entre catastrophisme et propos béats sur un avenir radieux, l’exercice de début d’année est toujours périlleux. Essayons toutefois, avec autant de distance et d’objectivité que possible, de discerner les points majeurs et de relativiser les autres.

Finalement, 2021 fut une année positive pour l’économie, les marchés et l’assurance. Certes, les menaces sont toujours là, la pandémie, les dérives climatiques et les enjeux géopolitiques font planer des nuages particulièrement noirs. L’environnement reste dur avec une hausse des taux qui s’installe, le retour de l’inflation et des risques systémiques qui gagnent en ampleur. Néanmoins, le monde apprend à les gérer, certes cela pourrait être beaucoup mieux, les égoïsmes individuels et collectifs freinent puissamment les cercles vertueux. Toutes choses égales par ailleurs, les situations sont bien moins dramatiques que les cassandres ne le disent.

Cela n’est en soi pas satisfaisant, mais nier l’évidence n’aide jamais à mobiliser des énergies positives. C’est particulièrement vrai pour l’assurance qui montre une belle résilience. Après une année 2020 pénible à bien des égards, 2021 a, semble-t-il, retrouvé le chemin de la croissance et des équilibres à l’instar de l’assurance vie. La crise stimule le secteur et la fédération des assurances s’installe dans une nouvelle dynamique, changement de nom, volonté de faire entendre sa voix à travers des propositions déterminées sinon hardies. Les assurés ont aussi besoin de cela !

Le temps long est l’horizon de l’assurance, c’est à la fois structurel et dans son ADN culturel. C’est à la fois un avantage, celui de la permanence des enjeux et du confort des perspectives éloignées, mais c’est aussi la difficulté de s’inscrire dans la gestion des risques, la rapidité de réaction, la mobilité des solutions. La pandémie a permis d’en faire l’amère expérience. Il est important d’en tirer les leçons. Le secteur ne pourra indéfiniment s’appuyer sur la seule plasticité et la réactivité des forces commerciales. Dans bien des cas, son attitude a plus tenu du bricolage astucieux que de la gestion organisée.

Relever la tête, affirmer ses positions, formuler des propositions est très bien, cela manquait. La FFA a raison de devenir France assureurs. Néanmoins, gérer les situations de crise se fera d’autant mieux qu’elles auront été anticipées et, autant que faire se peut, protocolisées. Car, si les Pouvoirs publics sont garants de l’intérêt collectif, les assureurs sont comptables de ceux de leurs clients. Et, si les clients sont également des citoyens, leurs intérêts ne se superposent pas toujours. Il faut se donner les moyens de défendre les uns et de respecter les autres.

Cette traversée de la crise doit aider à hiérarchiser les questions qui ne manquent pas, mais n’ont pas toutes le même degré d’urgence ou d’importance. La propension à vouloir changer ce qui fonctionne, tout en laissant en jachère des domaines qu’il faudrait traiter reste un grand classique. C’est d’ailleurs un grand pourvoyeur de bureaucratie, cela irrite les équipes et plombe la productivité. Or, le MEDI le constate souvent dans ses travaux, le mieux est l’ennemi du bien et il a un coût rarement justifié.

Voilà une belle résolution pour 2022.

Henri DEBRUYNE

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