Risques climatiques : Les agents généraux et l’agéa s’emparent de la dimension assurantielle
C’est moins la question de l’assurabilité des risques qui est posée que celle des conditions dans lesquelles les garanties seront formalisées et financées.
1500 agents généraux, près de 200 invités, des intervenants prestigieux et impliqués. Au-delà du succès indéniable de cette convention et de la grande qualité des débats, c’est bien à une forme de mobilisation que nous avons assisté. D’une part, pour prendre à bras le corps un phénomène qui nous dépasse, mais dont les conséquences affectent de nombreux aspects de la vie humaine, de l’économie et de l’environnement et, d’autre part, pour répondre à ce que les clients attendent de leur assureur, dans une situation exacerbée de risques. Deux enjeux mobilisent les acteurs. Le premier est de prendre la mesure concrète, sans exagérer et sans paniquer, de ce qu’il se passe pour s’y adapter le mieux possible. Le second est de maintenir le système de garanties, qui prend en charges les conséquences des catastrophes naturelles, pour qu’il continue à jouer son rôle.
La France a la chance, unique au monde, d’avoir un dispositif efficace qui, depuis quarante ans, indemnise les dommages consécutifs aux catastrophes naturelles. Fortement mis à contribution, il doit évoluer. Les Pouvoirs publics en ont pris la mesure puisque sa surprime passera de 12 à 20% en 2025. Ils ont également chargé un groupe de travail1 de formuler des propositions pour adapter le régime. Il en résulte un ensemble de propositions, parfois radicales, qui ne sont guère éloignées de celles du Livre blanc d’agéa2. Il y a donc une convergence de diagnostics qui ouvrent des pistes autour de deux axes.
En premier lieu, il est nécessaire de renforcer les capacités financières du « dispositif cat-nat ». Non seulement, pour qu’il continue à indemniser les dommages, mais aussi pour qu’il finance un effort de prévention, sans précédent. En effet, celle-ci devient incontournable et indispensable pour garantir un niveau d’assurabilité suffisant. Les assurés seront mis à contribution, ne serait-ce que pour éviter les sinistres à répétition et maintenir un aléa supportable. Ce qui porte en germe de retrouver une dimension de souscription qui est aujourd’hui absente dans la garantie des catastrophes naturelles. D’ailleurs, l’érosion du littoral fera l’objet d’un dispositif particulier lié au recul du trait de côte. L’indemnisation des conséquences des retraits et gonflements des argiles (RGA) fera également l’objet d’une approche spécifique.
Une autre proposition forte est celle de consulter les acteurs concernés : assureurs, élus, associations de consommateurs, professionnels du bâtiment, etc. Ensuite seulement les Pouvoirs publics légifèreront. Les agents généraux qui sont déjà mobilisés ont toutes les raisons d’être au cœur du dispositif de consultation. Ils ont une connaissance fine des situations, de la réalité de terrain sur lequel ils sont actifs. Jamais leur fonction d’intermédiation n’aura été plus utile pour relier les besoins exprimés dans ces situations de crise qu’ils vivent chaque fois qu’une catastrophe naturelle les concerne et la nécessité de trouver des solutions.
Il y a une forme de leadership à prendre.
1 Sous la houlette de Thierry Langreney ex-DG de Pacifica, Gonéri Le Cozannet géographe et Myriam Merad du Centre national de recherche scientifiques
2 Livre blanc agéa sur les enjeux assurantiels liés au climat- agea.com
Henri DEBRUYNE