Donner du pouvoir aux distributeurs pour accroitre la compétitivité !

par | 7 Déc 2023 | Eclairage

La question des frais et des coûts de distribution revient comme une rengaine, lancinante et sans guère d’effets. Les données du poids des chargements et des contraintes réglementaires posent une équation en forme de quadrature du cercle.

Les chargements des produits sont trop lourds, les rémunérations trop élevées. C’est un mauvais débat. Poser l’équation dans ces termes mène à une impasse. Car en face des coûts, il y a des prestations dont une grande part est de l’ordre réglementaire. Néanmoins, la comparaison des chargements entre les différentes formes de distribution sur les mêmes produits montre que les écarts sont faibles et, ramenés à un pourcentage de la prime, sans effets notables sur le prix total de l’assurance. A la réserve près, celle des produits de placements où en période de taux bas ils obèrent une partie de la performance de ces produits. L’évolution des chargements depuis une vingtaine d’années montre un très net resserrement entre les acteurs. Au niveau du client, les différences existent, mais ressortent de la structure tarifaire ou de de la performance des produits. Certes, de ci de là, nous pouvons rencontrer des pratiques critiquables qui créent artificiellement des écarts ou alourdissent le poids des rémunérations. Ce qui est contestable sous l’angle des intérêts des clients et doit être corrigé, mais qui est sans effet sur le plan économique global.

Sauf à vouloir casser le dispositif de l’offre d’assurance, il n’y a pas d’issue véritable autre que de faire respecter la norme imposée par la réglementation. Et, elle est lourde, devoir de conseil, obligations d’information, de solvabilité, etc. La disruption ne pourrait venir que de l’abandon ou de la minimisation d’un ou de plusieurs pans de ces contraintes, mais cela ne parait pas être dans l’air du temps. A périmètre constant de prestations, il ne reste qu’une voie, celle de la compétitivité. En d’autres termes, améliorer le niveau de service pour un coût équivalent, sinon plus bas. En fait, c’est la nouvelle donne. Il est peu vraisemblable que les Pouvoirs publics affaiblissent la protection des consommateurs ou réduisent l’encadrement d’un secteur aussi sensible que l’assurance. Il faut donc améliorer la performance en utilisant les ressources de manière optimale. C’est le sens du propos de Jean-Paul Faugère qui indique que la maîtrise des coûts doit permettre de dédier des moyens à la digitalisation et à la sécurité des systèmes1.

C’est devenu un lieu commun de le dire, l’enjeu est celui de la chaine de distribution. Son optimisation passe par une responsabilité et une intégration accrues des distributeurs d’assurance dans la gestion des process. Ils sont en première ligne, face aux clients, ils doivent pouvoir agir à la fois pour assumer leurs propres responsabilités à l’égard de leurs clients, mais aussi dans les processus de souscription et de gestion des entreprises avec lesquelles ils collaborent. Ils doivent donc bénéficier des délégations nécessaires. Or, autant qu’il peut l’être observé, cette responsabilité est loin d’être assumée dans toute sa plénitude. En partie, parce que les distributeurs, y compris les intermédiaires, sont encore timorés et n’affirment pas leur primauté dans cette fonction-là. Mais aussi parce que les organismes d’assurance ne leur laissent que peu de latitude.

Or ce que nous voyons bien, c’est que si la compétitivité recouvre des facteurs très différents, sinon multiples, la qualité de leur interdépendance est l’une des clés de la performance de l’ensemble2. Déjà des différences apparaissent entre les réseaux de différents acteurs. Elles vont s’accroitre.
1 Vice-président de l’ACPR, le 17 novembre 2023
2 Observatoires de l’intermédiation Golder & Partners et MEDI 2023

Henri DEBRUYNE

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