Assurabilité des risques climatiques – Les agents généraux prennent position

par | 11 Jan 2024 | Eclairage

Agéa vient de présenter son analyse et ses propositions sur l’assurabilité des risques climatiques. Un document pour alerter sur les enjeux du changement climatique et de leur impact sur la réalité assurantielle.

Cela s’appelle intervenir à point nommé ! La représentation des agents généraux vient de publier un livre blanc1 sur les enjeux assurantiels liés au climat. Ce travail, documenté, fouillé met en évidence une réalité dont chacun peut percevoir les menaces, et qui nécessite d’en prendre la mesure pour trouver des solutions. D’ailleurs, cette publication suit l’annonce d’un relèvement important du taux de la cotisation des catastrophes naturelles et nous sommes dans l’attente du rapport gouvernemental sur l’assurabilité des risques climatiques piloté par Thierry Langreney.

L’assurance est confrontée à une dérive de la sinistralité imputable à l’expansion de l’univers des risques. Ceux issus des évolutions climatiques n’y échappent pas. Encore faut-il bien comprendre ce qu’il se passe et ordonner les informations disponibles. Pour cela, Agéa propose la création d’un Observatoire sur l’assurabilité des risques climatiques, capable de centraliser les données sur la sinistralité géographique et l’offre assurantielle à l’échelle du territoire national. Une base de connaissance partagée servirait efficacement une approche plus organisée et mieux comprise entre les décideurs, les acteurs de terrain et les clients. Ce qui ouvrirait la voie à la diffusion d’une prévention plus efficiente au service de laquelle les agents généraux pourraient déployer toutes leurs facultés de conseil et de persuasion.

Ce livre blanc alerte sur une tendance, en grande partie inéluctable, qui génère des besoins de garanties nouvelles et met en péril le dispositif actuel de couverture des catastrophes naturelles. De fait, certaines évolutions pourraient devenir hors de contrôle avec des épisodes à répétition, comme ce qui survient dans le Pas-de-Calais ou avec les dégâts provoqués par certains sols argileux ou encore les phénomènes d’érosion côtière. Ceci provoque des dommages en forte progression et souligne la nécessité de réviser le régime de prévention et d’indemnisation devenu inadapté. Comme l’avait déjà constaté la Cour des comptes en 2022 à propos du phénomène du retrait-gonflement des argiles (RGA).

Ces propositions ont une sensibilité particulière et c’est ce qui fait leur richesse. Elles sont celles de praticiens qui sont au plus près des réalités : difficultés croissantes pour couvrir les risques les plus exposés, sinistralité à répétition et insatisfaction d’assurés eux-mêmes placés dans des situations difficiles et parfois dramatiques. Ces hommes et femmes de terrain sont donc préoccupés de maintenir une offre assurantielle sur tout le territoire. Ce qui implique une mutualisation absolue alors que la sélection des risques fait son apparition et provoque une tentation d’éviter de souscrire dans certains territoires ou à des conditions très restrictives. Même si in fine il faudra envisager des modulations de ce type, il faut en parler et les encadrer.

Les agents généraux sont les représentants légitimes de leurs clients et par conséquent de l’intérêt général. Une situation, pas toujours facile à occuper, mais qui leur confère une pertinence particulière. A travers ce livre blanc, ils expriment des préoccupations en adéquation forte avec celles de ceux qu’ils servent chaque jour, mais ils démontrent qu’ils sont aussi porteurs de solutions. Un positionnement bien éloigné de la posture corporatiste qui leur est parfois attribuée de manière inconséquente.
1 Agea.fr

Henri DEBRUYNE

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