Accord SCOR-Covéa : quelle est la morale de l’histoire ?

par | 17 Juin 2021 | Humeur

Ces deux groupes majeurs de l’assurance enterrent la hache de guerre. Entre paix des braves et manœuvres financières, l’accord conclu, aussi satisfaisant soit-il, laisse un goût d’inachevé.

SCOR profite manifestement de la fin des hostilités, sa capitalisation boursière progresse fortement et il récupère une somme rondelette (20 millions d’euros). Covéa sort d’un guêpier et récupère une part du portefeuille vie irlandais de SCOR pour 1 milliard d’euros. Un tumulte ravageur semble s’apaiser sous les bons auspices de l’ACPR qui s’est appliquée à rapprocher les parties pour trouver une voie de sortie. Il reste qu’un contentieux rare par son intensité et par la dureté des accusations a opposé deux personnalités de l’assurance sur fond de dénonciations de pratiques qui seraient condamnables.

Le protocole de sortie de crise, qui est communiqué, règle le différend financier, éteint les procédures judiciaires, mais ne dit rien des accusations proférées. L’éthique des affaires a-t-elle été malmenée ? Il ne s’agit pas de faire de procès, mais de ne pas laisser planer une suspicion illégitime sur le comportement des dirigeants. L’exemplarité n’est pas juste un supplément d’âme dans la conduite des affaires, elle est une obligation absolue de l’intégrité des décisions qui sont prises et dont certaines emportent des conséquences lourdes. Le marché et les assurés ont besoin de cela !

Il est naturel d’exiger des collaborateurs, quel que soit leur statut, de la rigueur et de la loyauté dans la conduite des opérations qui leur sont confiées. La réglementation comme la jurisprudence renforcent les obligations comportementales et imposent des pratiques vertueuses. Il n’est d’ailleurs pas hors de propos de s’interroger sur le fait de devoir fixer dans le marbre des textes ce qui devrait ressortir d’un comportement normal, mais c’est ainsi. Aussi, après que les protagonistes de ce différend se soient livrés à de rudes accusations, il est surprenant que l’apaisement entraine à la rivière les accusations dont certaines pourraient entrainer une qualification pénale.

Que les groupes aient trouvé une solution raisonnable est une bonne chose. Néanmoins, ils doivent s’attacher à lever la suspicion sur les pratiques qui ont été dénoncées comme anormales. Rien ne permet de douter que finalement il n’y a pas eu de pratiques condamnables, mais il est important de rassurer. Il y va de leur crédibilité, comme de celle de leurs pairs et c’est une des conditions du retour à une réelle sérénité.

 

Henri DEBRUYNE

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