Les leçons de la crise de la pandémie

par | 2 Sep 2021 | Eclairage

La pandémie n’en finit pas, mais la crise économique semble jugulée. Les entreprises françaises affichent de belles performances et le secteur financier n’est pas en reste. Néanmoins, la dureté du choc laissera des traces et les fragilités du secteur demeurent.

L’économie française a repris de belles couleurs même si bien des secteurs d’activité sont à la peine et quelques autres souffrent encore durement. Pour les champions français, y compris les banques et les assurances, le niveau d’activité est comparable à ce qu’il était avant la crise. Les Bourses européennes ne s’y trompent pas et celle de Paris est proche de son record de 2000. C’est une bonne nouvelle et il faut nous en féliciter.

Néanmoins, si les champions vont bien, l’optimisme doit être tempéré en attendant de savoir si les entreprises de moindres tailles s’en sortent aussi, une fois le robinet des aides refermé. La politique de soutien massif, le quoi qu’il en coûte, a été et reste salutaire, mais elle ne peut être éternelle. D’autant que, si le plus dur est vraisemblablement passé, la crise est encore là. A noter, au moment où refleurit le débat sur la mondialisation qui affaiblirait les bases locales, ce sont les entreprises les plus mondialisées qui s’en sortent le mieux y compris dans l’assurance.

L’assurance ne s’en sort pas trop mal. Néanmoins, des zones de préoccupations se concentrent sur les ratios de solvabilité qui, pour certains organismes d’assurances, restent malmenés et une sortie d’une pandémie qui doit gérer la perte de crédibilité de l’assurance dans son ensemble et de chaque assureur en particulier. Si la stabilité financière des organismes d’assurances n’est pas durablement pénalisée par la crise – certains affichent même de bons résultats -, les arrangements cosmétiques auxquels quelques-uns ont recours tentent de masquer des situations dégradées. Ces pratiques sont critiquables, elles brouillent la juste perception que le marché et les consommateurs peuvent en avoir. Ces facilités ne sont pas à la hauteur de la qualité d’information qu’exige une relation loyale en particulier avec les consommateurs. Particulièrement au moment ou les assureurs doivent retrouver de la crédibilité.

Les enjeux ne manquent pas. La pandémie a crument posé la question du rôle, sinon de l’utilité de l’assurance. Alors que la recrudescence de catastrophes naturelles de toutes sortes soulève des questions d’une ampleur inégalée, les assureurs doivent démontrer leur savoir-faire et leurs compétences dans ces domaines. Même si, bien entendu ils ne pourront rien faire seuls. Mais leur expertise commande qu’ils formulent leurs propositions à la Société Civile et pas seulement dans les conclaves feutrés des instances ministérielles. La Société est menacée, ses organisations et ses modes de vie sont concernés et à l’évidence la structure économique des activités assurantielles. Une crise est aussi l’occasion de briser des tabous. Il ne faut pas s’en priver. Personne ne détient les réponses à ces questions, il faut donc les chercher ensemble et sur ces questions de gestion des risques les assureurs ont des choses à faire valoir.

L’assurance est une partie de la solution, ses savoir-faire sont une ressource de compétences, mais qui le sait ? Il suffit d’écouter les débats qui ont fleuri, y compris dans les plus hautes enceintes de la république, à l’occasion de la prise en charge des pertes d’exploitations, ou au sujet de l’instauration d’une « Grande sécu », ou encore sur les niveaux des frais et des rémunérations des prestations d’assurance, pour percevoir la profonde méconnaissance de la réalité des activités assurantielles.

Face à cela, seules de vigoureuses initiatives ont quelques chances d’améliorer la compréhension des situations. Sinon, et comme le plus souvent, le secteur sera contraint de reculer face aux oukases et devant des citoyens au mieux indifférents

Henri DEBRUYNE

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