Les intermédiaires sur le qui-vive.

par | 22 Sep 2022 | Eclairage

Entre réforme du courtage, évolutions de la réglementation sur la distribution de l’assurance et des produits financiers et perspectives économiques plutôt sombres, les intermédiaires sont sur la défensive.

Certes, leur volontarisme n’est pas entamé et leur légendaire optimisme reste élevé. Néanmoins, des irritations nouvelles apparaissent. En effet, autant les perspectives économiques peu réjouissantes font partie de leur environnement et, peu ou prou, ils s’y adaptent en considérant que c’est la vie. En revanche, les évolutions réglementaires, souvent peu lisibles, les irritent faute de ne pas en comprendre clairement les finalités. S’ajoute à cela l’ombre portée de la digitalisation des activités qui complique, à leurs yeux, des métiers déjà confrontés à une pression concurrentielle qui ne se relâche pas. Face à cela, ils ne créditent pas les entreprises d’assurances d’une réelle volonté de les aider ou au moins de les soutenir pour affronter l’adversité.

Cette inquiétude était nettement perceptible lors des Journées du Courtage. D’autant que la mise en place du système d’autorégulation est suspendue à la décision du Conseil constitutionnel. Ce dispositif, qu’ils ne voyaient pas d’un bon œil, apparait critiquable voire contestable et les débats entres les associations chargées de le mettre en œuvre ne concourent pas particulièrement à l’éclairer. Tout ceci, au moment où l’évolution réglementaire prépare une nouvelle étape avec les adaptations prévues de MIF et de la DDA dont le point de mire sont les rémunérations. Il est évident, que tout cela peuple leurs perspectives de menaces dont beaucoup sont en fait pénalisantes, à leurs yeux, pour le business. Il y a un besoin urgent de clarification et de pédagogie.

Ils attendent que leurs représentants les éclairent, mais plus encore que les compagnies les soutiennent plus activement qu’elles ne le font. La majorité des courtiers de proximité apportent près de la moitié de leurs activités à leur premier code, c’est dire si les liens de partenariat sont étroits. Cela focalise une attente d’autant plus forte qui va bien au-delà des réponses en termes de produits et de prix. A noter, que si ces relations sont encore très largement captées par les compagnies, les grossistes, de plus en plus perçus comme des fournisseurs, sont l’objet des mêmes attentes.

Déambuler dans les allées des Journées du Courtage offre une vision intéressante des orientations des activités d’intermédiation. La première perception est la moindre présence des compagnies, l’absence d’acteurs notables et la saisissante prééminence des courtiers grossistes. Ces derniers occupent d’ailleurs l’essentiel de l’espace. Ce n’est pas nouveau, mais reflète bien la place prise par ces acteurs devenus une sorte d’intermédiaires d’intermédiaires. Le plus souvent innovants, bien en phase avec les distributeurs auxquels ils destinent leurs offres, ils ont conquis des positions, dans certains domaines, dominantes. Ajoutons à cela que les distributeurs qui travaillent avec eux disent que c’est plus facile qu’avec les services des compagnies.

La nécessité de clarifier les rôles et les responsabilités de tous les acteurs qui agissent au long de la chaine de distribution devient indispensable. Ce sujet irrite, lui aussi, mais l’expérience montre qu’à une même question sur le rôle et les responsabilités de chacun l’éventail des réponses est très large voire parfois contradictoire. Signe que tout ceci n’est pas clair. A l’évidence, cela ne pourra pas rester en l’état. Cela non plus ne rassure pas les intermédiaires qui ont besoin de clarté pour se consacrer plus sereinement à leur développement

Henri DEBRUYNE

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