L’assurance du XXI° siècle suscitera l’adhésion ou aura disparu

par | 7 Oct 2021 | Eclairage

L’accumulation des crises et des tensions souligne combien l’assurance est plus que jamais perçue comme un mal nécessaire, avec une offre peu lisible et donc taillable et corvéable à merci.

Activité essentielle à l’économie et à la protection des citoyens, l’assurance est méconnue et elle souffre d’un réel déficit d’image. Ce n’est pas nouveau, mais au cours de ces dernières années cette perception n’a cessé de croitre. La pandémie a exacerbé les tensions. Le jeu incompréhensible sinon trouble des Pouvoirs publics perturbe encore un peu plus l’exercice de ce métier et freine la formulation d’une proposition pour l’assurance du XXI° siècle capable de susciter l’adhésion.

Heureusement, la situation financière du secteur est globalement bonne. Les organismes d’assurance sont bien gérés, leur solvabilité très convenable même si certaines de leurs activités rencontrent des difficultés persistantes face à la montée des risques. Certains de ceux-ci de par leur amplitude questionnent les limites de l’assurabilité et appellent des réponses nouvelles. Cette situation économique, somme toute plutôt favorable, devrait favoriser une réflexion de fond pour imaginer des solutions face aux risques climatiques, au risque cyber, au vieillissement des populations ou encore pour répondre aux exigeantes attentes des consommateurs et aux mutations des marchés.

Cela ne semble pas vraiment être le cas. Certes, ici et là des équipes réfléchissent et travaillent sur différents scenarii, mais cela se passe dans des cercles restreints sinon fermés. Nous sommes bien loin d’un souffle régénérateur. Or les enjeux sont tels que ce ne sont pas quelques aménagements du modèle d’affaires historique, ni même l’intégration d’innovations incrémentales qui seront à la hauteur. Les évènements les plus récents montrent bien que notre environnement change d’état, comme en thermodynamique le passage d’un état à un autre est une transition de phase. Autant dire, qu’aucune des grandes problématiques ne peut être approchée et donc traitée par des acteurs isolés.

La Puissance publique, pour des raisons évidentes, doit être partie prenante des réflexions, ne serait-ce que pour qu’elle soit bien imprégnée de la profondeur des questions à résoudre et qu’elle ne s’égare pas sur des chemins impraticables, comme nous le voyons aujourd’hui. Les organismes d’assurance également, qui doivent mettre entre parenthèses leur esprit partisan. Personne ne se sauvera seul, la dimension collective est indispensable. Mais surtout les clients et les distributeurs qui sont leurs meilleurs décrypteurs doivent être associés.

Sans osmose avec la société qu’elle sert, l’assurance courra sans cesse après des chimères. Son ambition devrait être de rendre désirables ses prestations et d’être le mieux possible au cœur des besoins et de leurs évolutions. Aujourd’hui, elle est largement perçue comme un dispositif contraint, obscur dans ses mécanismes et intransigeant dans ses procédures sans que l’on comprenne pourquoi. Aussi, est-elle perpétuellement sur la défensive, comme ce fut le cas dans l’épisode malheureux des pertes d’exploitation ou bien dans ce débat quasi idéologique sur les complémentaires santé ou encore dans celui des frais de gestion et des rémunérations des intermédiaires.

Une activité ou une industrie dont on perçoit clairement l’utilité et dont l’offre est présentée avec de réels avantages, indispensable pour affronter les risques de la vie, ne peut que susciter de l’adhésion. Un chemin long, mais qui débute forcément par une vision claire et partagée de ce qu’elle propose. Faute de quoi, elle pourrait se diluer dans des prestations plus larges dont elle ne deviendrait qu’un complément. C’est ce dont rêvent les GAFAM et autres méga-prédateurs

Henri DEBRUYNE

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