AXA va indemniser les restaurateurs ! Epilogue ou nouveau rebondissement ?

par | 10 Juin 2021 | Eclairage

Après avoir soutenu mordicus que la garantie des pertes d’exploitation n’était pas acquise, le leader français de l’assurance se résout à indemniser ses assurés des conséquences du confinement. Epilogue d’une séquence désastreuse pour les assureurs et l’assurance ou nouveau rebondissement dans un mauvais feuilleton ? Le moment est pourtant venu de tourner la page.

Le groupe AXA vient de communiquer, ce matin, sa décision de proposer une « indemnité transactionnelle qui vise à couvrir une somme équivalente à 15 % du chiffre d’affaires de l’activité restauration, sur la période des mesures administratives d’interdiction d’accueillir du public des 14 mars 2020 et 29 octobre 2020 […] Il est envisagé que cette solution amiable soit ouverte à partir du 21 juin jusqu’au 30 septembre 2021 ». Thomas Buberl, le directeur-général a tenu à préciser que « Ce n’est pas une indemnisation, c’est une transaction pour mettre fin au flou judiciaire ».

Dont acte, le groupe tente de se sortir d’un bourbier que les décisions judiciaires n’ont pas jusqu’alors réussi à éclaircir. Il faut dire que sa situation de leader en a fait le bouc émissaire facile d’une situation devenue inextricable. AXA vient ainsi de rendre public un dispositif que de nombreux assureurs avaient déjà instauré à bas bruit. Les assureurs d’une manière générale, ont vu leurs explications de refus de garantie se heurter à une hostilité généralisée. Celle des restaurateurs, bien sûr, qui exigeaient la prise en charge de leurs pertes, mais aussi des Pouvoirs publics comme de la représentation nationale qui n’ont pas été les derniers à fustiger, le plus souvent sans nuance, les positions défendues par les assureurs.

Finalement, cette crise se traduit par des conséquences regrettables pour tous les acteurs. Les conditions de garanties se sont drastiquement resserrées et pas seulement en ce qui concerne les pertes d’exploitation. Les souscripteurs craignent l’insécurité juridique. Ils veulent bien assumer le risque, c’est leur métier, mais pas se voir imposer de manière quasi généralisée des couvertures qu’ils n’ont pas accordées. Les premières victimes sont donc bien les assurés. Les assureurs subissent une perte de crédibilité, probablement une des plus sévères de leur histoire. L’incapacité de leur représentation collective à porter un message clair pèsera longtemps sur sa faculté à se faire entendre. L’incohérence des positions arrêtées par les assureurs face à une problématique semblable a été criante. Les responsables politiques, dans leur ensemble, n’ont pas été bien brillants. Ils ont laissé dans cette mauvaise séquence un pan de leur légitimité, celui qui s’exprime dans sa qualité à dire ce qui est juste et équitable et pas seulement ce qui va dans le sens du vent !

La question ouverte maintenant, est celle de la volonté des assureurs de tirer des leçons de cette crise. Ils ont tergiversé, louvoyé et au total ils auront quand même payé des sommes bien plus importantes qu’ils ne l’imaginaient. Ils ont été malmenés par les Pouvoirs publics et cela ne sera pas sans conséquence sur l’opinion de leurs assurés. Pour autant, ils sont des porteurs de risque et ils ne peuvent faire n’importe quoi, car ils engagent l’argent de la mutualité qu’ils gèrent. Un concept qui semble parti dans les eaux boueuses de la démagogie. Et, pourtant leur crédibilité fondamentale est bien là. Qui s’en est souvenu ?

Une société organisée est un ensemble d’intérêts contradictoires sinon opposés ? Discours inaudible dans l’émotion de la crise, mais qui pourrait être repris une fois le calme revenu, en même temps qu’il faudra tirer des enseignements de ce que nous venons de vivre et qui pourrait très bien se reproduire

Henri DEBRUYNE

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