A quoi sert l’assurance ?

par | 28 Mai 2020 | Humeur

Il est urgent de rappeler à nos concitoyens ce qu’est l’économie de l’assurance pour ne pas la confondre avec un simple dispositif de redistribution.

Cette période d’incertitudes et de turbulences fait ressortir tous les aspects de la facilité intellectuelle, de l’inculture, de la mauvaise foi, des approximations et du chantage. C’est inquiétant, à plus d’un titre, mais les « assureurs » terme générique qui englobe tous ceux qui travaillent dans l’assurance en sont en partie responsable. Entre nous, professionnels nous savons que l’assurance est un système qui permet de se prémunir contre les conséquences financières et économiques liées à la survenance d’un risque. Mais qui le sait au-delà de notre cercle ?

Trop juridique, trop financière, alignant des chiffres qui ne disent rien ou pas grand-chose des réalités concrètes qu’ils recouvrent. Qui sait vraiment que cette activité est un métier qui repose sur des techniques sérieuses et éprouvées ? Que les engagements pris auprès des assurés sont tenus à condition d’en respecter les termes et que le régulateur y veille. Que s’il existe une divergence d’interprétation, c’est au juge de dire ce qu’il en est, et à lui seul ? Un discours qui n’est manifestement pas audible.

Aussi, l’hydre étatique menace. Les représentants des restaurateurs ne demandent pas à la justice de dire le droit, mais à la Puissance publique de faire rendre gorge aux assureurs réticents et ils y engagent leurs puissants lobbys ! Les avocats se mobilisent bien évidemment. Pour autant, mis à part un référé du Tribunal de commerce de Paris à l’encontre d’AXA, il ne semble pas qu’il y ait beaucoup de procès engagés.

Un tour d’horizon, montre que ce débat est aussi difficile dans la plupart des pays développés de l’Europe aux Etats-Unis. A une différence de taille, nulle part sauf en France l’Etat n’est appelé à la rescousse pour contraindre les assureurs. Partout ailleurs, la règle est de se tourner vers le juge pour connaitre la vérité judiciaire et faire valoir ses droits. Ce qui est, quand même la caractéristique d’un Etat de droit.

Alors que faire ? Il y a l’urgence, d’autant plus difficile à gérer que l’affaire est mal engagée. Il n’est guère aisé de rationaliser devant l’émotion et pourtant, il faut s’y tenir. Des millions d’assurés ont besoin de savoir que chaque victime reçoit ce qu’il lui est due, pas moins, pas plus. Sinon, la confiance finira par partir à la rivière. Dans tous les cas personne, aucun assuré, ne doit pouvoir suspecter qu’il en soit autrement que les largesses seront réservées à quelques-uns et que, pire cela pourrait être à son désavantage.

Cela n’exonère pas les assureurs de participer à des fonds de soutien, voire d’être généreux, mais chacun doit bien peser sa contribution et ne pas mélanger les genres. Les aides ou subventions ne sont pas des indemnisations contractuelles et dans ce cas ce n’est pas aux assureurs d’y procéder. Il faut trouver d’autres voies.

Il n’est pas trop tard pour qu’émerge un discours clair sinon structuré qui s’adresse à tous les assurés et pas seulement à ceux qui sont concernés par les pertes d’exploitation. Tous les membres du secteur de l’assurance ont aussi besoin de croire en leurs références. C’est bien dans les périodes de crise que se révèlent les grands capitaines. Ceux qui savent maintenir le cap, adopter des positions claires, s’y tenir, ne pas en changer sous la pression, quelle qu’elle soit et fédérer les équipes. Si la primauté de l’Etat de droit doit être rappelée, il faut aussi évoquer la solvabilité des assureurs qui n’autorise guère des largesses inconsidérées.

Henri DEBRUYNE

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