Lorsque tombent les murs…l’assurance se réinvente

par | 14 Oct 2021 | Eclairage

L’assurance française serait-elle en train de vivre sa révolution copernicienne ? Deux évènements poussent à y penser : la reprise d’AVIVA France par Aéma et l’introduction d’une forme de rémunération au mérite à la MAIF.

Qui l’eût cru, il y a seulement une dizaine d’années ? Le groupe Aéma, (Macif et Aésio Mutuelle) a racheté Aviva France et forme désormais le cinquième assureur du marché français. Ces deux mutuelles, dont l’une s’affiche sans intermédiaires, reconnaissent explicitement les vertus de l’intermédiation en précisant que la construction de l’ensemble préservera l’identité, la marque et les réseaux. La MAIF, pour sa part, déjà engagée depuis des années dans un puissant mouvement de changement vient d’adopter un système de rémunération au mérite pour valoriser l’implication de ses salariés. L’objectif est « d’assurer un juste équilibre entre la reconnaissance financière individuelle et collective qui conforte la singularité du modèle Maif ».

Ce mouvement est engagé depuis longtemps et il a eu de grands précurseurs, tel COVEA. Néanmoins, les ensembles constitués jusque-là et leurs modes de fonctionnement n’étaient guère si éloignés. Là nous assistons, dans une certaine mesure, à la remise en cause d’une idéologie, certains diront d’un modèle de société. Le pragmatisme l’emporte sur ce qui était devenu, au fil du temps, une posture. Il y a belle lurette que les mutuelles dites sans intermédiaires travaillaient avec le courtage et que les nécessités économiques autant que les comportements des collaborateurs faisaient bouger le modèle y compris sur le plan salarial.

L’opportunisme de bon aloi et l’intelligence des dirigeants ont fait tomber les murs en provoquant une libération certaine des appétits comme la recherche de solutions efficientes pour le meilleur bénéfice des clients. Notons d’ailleurs qu’il n’y a guère eu de cris d’orfraies comme si tout ceci était d’évidence. Gageons que ce phénomène va s’accélérer.

L’enjeu désormais est de tirer le meilleur parti de ces mouvements. Chaque système a ses vertus, la proximité des mutuelles avec leurs clients, la qualité de leur gestion leur permettent de truster les premières places des baromètres de la satisfaction des clients. Cette capacité à gérer un affectio societatis est un réel savoir-faire qui inspirera la lourde machinerie des organisations plus traditionnelles. Nul doute que le coefficient d’implication des collaborateurs progressera par la reconnaissance individualisée de leurs mérites. Ces corrélations-là, sont connues, documentées et mesurées depuis longtemps et on les retrouve dans le mode de fonctionnement des intermédiaires.

Des murs tombent et libèrent de nouvelles capacités créatrices, signe que l’assurance est loin d’être ce monde figé voire monolithique parfois décrit, elle vit et sans aucun doute performe. Maintenant, il faut qu’elle prenne toute sa place dans le concert sociétal y compris et surtout face à la sphère politique. Elle doit préempter le discours public dans ses domaines de compétences et cesser d’être à la remorque des idées et des décisions prises ailleurs

Henri DEBRUYNE

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