L’assurance face aux défis de la complexité et à l’incertitude

par | 16 Juin 2022 | Eclairage

L’horizon qui se dessine devant nous est à la fois complexe et incertain. Complexe comme le monde qui nous entoure ; incertain faute de ne pas nous y être préparés. Or l’incertitude est notre réalité, et pour l’assurance c’est son fonds de commerce.

Notre environnement immédiat est durement bousculé. La complexité du monde fait qu’aucune solution ne peut être simple. Les évolutions des comportements, les aspirations des clients, les bouleversements géostratégiques modifient attentes et besoins et modulent les marchés. La mondialisation, décriée ou louée, est une réalité qui fait que chacun de nous pourrait ressembler à un fétu de paille sur une mer houleuse si nous n’appartenions à un continent solidement structuré. Face à cela, nos options sont modestes, mais réelles et notre capacité d’action à la mesure de ce que nous voulons bien entreprendre. Faut-il s’en désespérer ? Certes pas, l’humanité à toutes les époques a vécu cela. Peut-être avons-nous eu le bonheur de vivre en toute insouciance quelques dizaines d’années ? Une forme de parenthèse dans une nature des choses par essence chaotique.

Brutalement, nous redécouvrons le risque, le vrai, celui de l’incertitude que les bases de données et l’intelligence artificielle ont bien du mal à cerner et qui laisse quasi-seule la capacité à décider. Un vrai vertige qui conduit le citoyen à attendre, à exiger du politique ce qu’il ne peut pas lui donner. La complexité est trop grande, le caractère systémique des phénomènes trop fort. De même, les clients, les assurés et la puissance publique attendent de l’assurance plus que ce qu’elle peut leur donner.

L’assurance est un outil, juste un outil. Or, les citoyens, les entreprises ont besoin d’accompagnement, de solutions, de services bien plus ou au moins autant que de couvertures financières. Ils ne le savent pas vraiment et le secteur de l’assurance est souvent bien à la peine pour y répondre. Le défaut d’anticipation est criant. Pouvons-nous parler de risque cyber sans prendre la mesure des interconnexions ? Une dimension que les clients méconnaissent. Leur besoin est, avant de parler garantie, de les aider à analyser puis à maîtriser leur risque dans ce domaine. Or, cette dimension les assureurs sont parmi les rares qui peuvent l’aborder dans sa globalité. Encore faut-il qu’ils l’investissent. Et, ce domaine est loin d’être le seul.

Redécouvrir le goût du risque et repenser les périmètres des activités pour aller bien au delà de la seule couverture, deux voies complémentaires qui s’imposent. Les moyens ne manquent pas, les compétences non plus. Le secteur de l’assurance est sain et profitable. Il a traversé la crise de la Covid sans difficultés majeures, même si la période n’a pas été facile. La robustesse qu’il a démontrée peut lui permettre de s’aventurer, d’anticiper, d’innover.

Sur ce plan, revenir aux réalités de terrain et à ce qu’attendent les clients sera salutaire. Ceux qui instaureront l’écoute fine des besoins pour l’allier aux compétences des experts l’emporteront. De même que ceux qui banniront les « silos » au profit d’une transversalité devenue indispensable pour appréhender la complexité gagneront en agilité et en réactivité.

Henri DEBRUYNE

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