La distribution des services financiers : des modèles économiques en question

par | 9 Juil 2020 | Humeur

Assurance et banque sont confrontées à une remise en cause du modèle économique de leurs systèmes de distribution. Si le Covid-19 n’y est pour rien, il accélère néanmoins le jeu des contraintes.

Les banques sont confrontées, depuis plusieurs années, à une baisse constante de leurs revenus. Elles ne parviennent pas à produire, sur leurs métiers traditionnels, les ressources pour financer leurs réseaux de distribution. Au point que leurs nouvelles activités, l’assurance notamment, sont indispensables pour en assurer l’équilibre d’exploitation. Ce qui a, par ailleurs, conduit la plupart d’entre elles à accélérer la digitalisation de leurs prestations et à reconfigurer les agences avec à la clé une nette réduction du nombre de points de ventes.

Les assureurs subissent le choc de la réorientation de l’activité des agences bancaires. En effet, les filiales d’assurances des groupes bancaires détiennent près des 2/3 de l’assurance vie et un bon cinquième de l’assurance non-vie faisant montre d’une agressivité commerciale qui ne se dément pas. Elle est très perceptible sur l’assurance emprunteur où malgré l’ouverture à la concurrence, elles continuent de détenir 85% de parts de marché.

Challengés sur leur propre marché les réseaux d’assurance sont également confrontés à une remise en cause de leurs modes de rémunération. Sujet lancinant, certes, mais qui reprend de la vigueur autour de la transparence et surtout de la possible interdiction des rémunérations proportionnelles comme les commissions. Ces dernières seraient suspectes de générer des conflits d’intérêts et de ne pas favoriser le meilleur conseil pour les clients. Que cela soit avéré ou pas, le débat est relancé dans l’ensemble de l’Europe.

Ce qui est sûr est que cette question fera bouger les lignes et que les éventuelles décisions qui en découleront affecteront le fonctionnement des marchés car nul ne sait vraiment comment réagiront les clients. L’histoire récente montre que des mesures similaires sur d’autres marchés de l’Union européenne ont eu des répercussions notables. En partie, parce que les effets ont été mal anticipés sur les marchés et que cela a conduit à remettre en cause les modèles économiques des distributeurs. Parfois, cela conduit à une réduction de l’offre de conseil et pénalise les consommateurs.

Quoiqu’il en soit, prise entre les contraintes économiques et les impacts réglementaires, la distribution des services financiers va devoir faire son aggiornamento. Le pire serait le déni, pas moi, pas ça, pas maintenant. Sous une forme ou sous une autre, demain, dans six mois ou dans trois ans, cela viendra.

Ces dernières réflexions avant les congés ne cherchent pas à gâcher vos vacances, mais à vous suggérer un sujet de réflexion pour ce temps béni en ayant en tête que le pire n’est jamais certain pour ceux qui s’y préparent. !

Henri DEBRUYNE

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