2021 : l’année de la solvabilité et de la rentabilité des activités

par | 7 Jan 2021 | Eclairage

La Covid n’a pas arrangé la situation financière des organismes d’assurance déjà malmenée par la baisse continue des taux.

Le gouverneur de la banque de France l’a dit dans ambages* : « le sujet, c’est la rentabilité des assureurs, pas la solvabilité ». Il a ainsi opposé une fin de non-recevoir aux demandes des assureurs d’alléger les contraintes de Solvabilité II. Si le président de l’ACPR a jugé que la solvabilité globale des organismes d’assurances demeure très solide autour de 239 %, la dégradation globale n’en est pas moins évidente. « Les assureurs vie ont perdu 33 points à fin septembre 2020 (par rapport à décembre 2019), et ce malgré l’apport de la participation pour provision aux bénéfices (PPB) qui avait permis de gagner 50 points en décembre 2019 », analyse Romaric Chalendard, actuaire**. Par ailleurs, les mesures transitoires et les PPB améliorent sensiblement l’affichage. Hors de celles-ci, la situation de certains groupes d’assurances apparait bien moins confortable, ce qui a conduit plusieurs d’entre eux à renforcer leurs fonds propres.

La solidité financière des organismes d’assurance, sans être critique, est devenue un vrai sujet. La vigilance s’impose et elle doit s’accompagner d’une meilleure transparence. Certes, les données sont accessibles, mais elles ne sont pas à lecture directe sauf pour les experts. Or, le marché dans son ensemble a besoin d’informations claires et crédibles. En premier lieu les intermédiaires en assurance qui doivent connaitre la solidité financière des porteurs de risques et, lorsque cela s’avère nécessaire en informer leurs clients.

La rentabilité est l’autre enjeu. Les taux bas imposent une révision drastique des modèles tant en assurance-vie qu’en assurance non-vie. Pour cette dernière activité, les contraintes se resserrent autour des équilibres techniques. Cela ne peut que se renforcer avec le défi de conserver une approche des risques dynamique et de ne pas faire preuve d’une prudence excessive. Il s’agit bien d’une ligne de crête, mais n’est-ce pas l’essence du métier de l’assureur ?

En matière d’assurance vie, le changement de modèle est plus compliqué. Les ingrédients du succès des fonds en euros – sécurité du rendement et liquidité – se sont évaporés. Le redéploiement vers les unités de compte nécessite une compréhension nouvelle des épargnants qui est loin d’être acquise. Pour la majorité d’entre eux assurance rime avec sécurité et les commerciaux le vérifient tous les jours, il est très compliqué de passer d’un modèle simple et sécurisé à de nouveaux dispositifs plus complexes et qui paraissent moins stables. Ce sera l’enjeu principal des forces commerciales car, là encore, le vecteur de la confiance reste la relation humaine.

*intervention du 27 novembre 2020
**Romaric Chalendard est actuaire et président de Castom

Henri DEBRUYNE

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